mardi 21 décembre 2010

SE LEVER EN PRISON

...

se lever, se demander pourquoi on se lève mais se lever quand même, lever la cuvette, pisser, refermer la lunette de la cuvette, marcher, refaire son lit, s’étirer, se brosser les dents, attendre le passage du café, se rebrosser les dents, jouer avec le stylo, ouvrir mon livre sur la table de chevet, me recoucher, me lever, m’habiller, marcher, tourner, s’asseoir, s’allonger, marcher encore, regarder les rats par la fenêtre, sentir un courant d’air frais, entendre le déjeuner qui arrive, dire bonjour, croiser un regard, se tenir sur le bord de la cellule, se pousser pour laisser se refermer la porte, boire du café, des légumes et des haricots et la viande j’en veux pas, ça me dégoûte depuis je suis ici…

la nuit, il faut avoir passer une nuit en prison pour savoir ce que c’est, les cris, ceux qui frappent contre les portes, la musique à fond, les hurlements, le silence ne prison, la nuit ça n’existe pas, d’ailleurs le jour non plus ça n’existe pas, mais c’est un bruit plus rassurant, les gardiens qui passent, les portes qui s’ouvrent, ceux qui sortent et ceux qui rentrent, les voix qui résonnent… c’est fou ce que ça résonne en prison… alors, la nuit, en plus, la première on croit qu’on va devenir fou, qu’on supportera pas, mais on s’habitue, après, on sait… c’est pas humain, d’être enfermé comme des animaux, pas mieux que des animaux, il doit y avoir d’autres solutions, c’est pas possible autrement…

marcher, lire, se lever, aller pisser, se gratter, le doigt contre l’oreille, puis le doigt contre l’arrête du nez, se masser le pied, jouer avec mon stylo, siffler, sentir le vent par la fenêtre, entendre le pigeons qui roucoulent, les bruits dans la cour, se lever, marcher, vouloir courir et continuer de marcher…

...

( extrait d'un atelier d'écriture par des détenus)

mardi 14 décembre 2010

photos sur la route... Beauvais, Nourard le Franc, Plessier sous Bulles, St-Just en Chaussée... road-movie en Picardie



C’est l’histoire d’un homme qui tombe du 37° étage.



Et à chaque étage qui le rapproche du sol, il murmure « jusqu’ici, tout va bien… jusqu’ici tout va bien…



Je sens bien au fond de moi, qu’il va falloir que j’y retourne.



Il faut que j’aille le voir de plus près…



Qu’est ce que je vais faire de tout ça ?

à la mairie

Lors d'une résidence.
Salle du conseil municipal.
Lundi soir. J
e suis un invité de marque on dirait (y’a de la brioche…)

Le maire : on peut faire quoi pour vous ?
Moi : euh je sais pas… vous avez des faits divers sur la commune ?
Le maire : non. C’est tranquille ici.

Puis, il se mettent à parler à voix basse.

Et le maire, me montre une carte.
Le maire : il serait préférable que vous évitiez cet endroit, il y a eu un…
Moi : un meurtre ?
Le maire : oui, c’est délicat... par contre, en ce moment, il y a plein de champignons….

Moi : mais c’est justement pour ça que je suis là.
Le maire : il ne faut pas remuer le désespoir des gens. Je me souviens des caméras des télés sur le parvis de la mairie, on voit ça dans les films mais quand ça vous arrive…

mardi 30 novembre 2010

Psychose


...en ce moment, au Strapontin, à Pont Scorff, on débute la résidence par un atelier sur Psychose, le film du grand Alfred H. Au menu, travail sur le son et l'image, la musique de Hermann, avec Mikaël Plunian aux manettes... Road-Movie, scènes de douches, passer de la douceur à l'horreur, tenter de comprendre la mécanique du suspens... le premier jour, le groupe hésite, nous sommes au deuxième et ceux qui ne voulaient pas aller sur scène en redemandent... nous finissons sur trois récits croisés, entre un gamin qui joue sur la balançoire, deux auto-stoppeuses, une femme qui tricote face à la télé... la musique de la scène de la douche entre en piste et tout se déglingue. cri. Noir...

dimanche 28 novembre 2010

Article à ne pas mettre en toutes les mains...


Pendant une des résidences / un article qui donne envie de rire... enfin, un peu... / on sait plus trop / au bout d'un moment, on sait plus trop... /
Parfois avec toute l'équipe, on se surprend à rire, plaisanter, faire une sorte de tourisme du "serial killer"... et quand quelqu'un vient nous voir, il trouve qu'on est comme passé de l'autre côté... " et les victimes,leurs parents, vous y pensez..."... bizarrement, non, pas tellement... c'en est presque horrible... Comme m'a dit un avocat: "une victime, c'est terrible à dire, mais c'est banal, alors qu'un meurtrier, c'est unique!"

dessiner sur un mur en attendant la mort


en descendant la porte du criminel
de l'accusé comme on dit
( le prévenu, c'est juste avant de passer cette porte...)
il est où?
il fait quoi?
il attend?
et parfois, en attendant, il écrit, dessine, griffonne, sur les murs, par exemple,
comme là,
sur le mur, en 1935...
on dirait du Cocteau...

vendredi 26 novembre 2010

ENQUÊTER À DISTANCE

Depuis la rentrée, je travaille en résidence de collectage.
Rochefort, Cergy, Aubusson, Thionville, Niort.
À distance de la Picardie donc.
Bizarre.
On dirait que je reconstitue l’enquête.
À ma façon.
À distance.
Je rencontre gendarmes, avocats, policiers, détenus, experts, criminologue et avec eux, point par point, je fabrique l’enquête, je la fantasme, l’imagine…

GENDARMES.
Tenez, par exemple, avec les gendarmes, ceux de l’école de gendarmerie de Rochefort, je leur ai dit tout ce que je savais, et nous avons reconstitué pendant 2h00, l’enquête, pas à pas… on a reconstitué son arrestation… j’avais l’impression d’y être encore plus que si j’y étais vraiment.

PRISON.
Tenez, encore, maison d’arrêt du Val d’Oise, Maison d’arrêt de Rochefort, centre de réinsertion de l’île de Ré. Je refais le parcours de celui qu’on écroue, tout au début, l’arrivée. Visite de cellule. Le directeur de la prison. La cantine. Le parloir. La vie au quotidien. La cellule qui devient presque un espace privé. La cour de promenade. Les regards agacés, interrogatifs, curieux. On se croirait dans Un Prophète.



TRIBUNAL.
L’avocat de Jacques B est mort, très bien.
J’irais chez un avocat, à Guéret, à Rochefort.
Au tribunal, aux assises de Niort, Saintes et Thionville.
Y passer des journées encore.
Comme un accroc au faits divers.
Tiens, là, un avocat m’a repéré. Juste avant les plaidoiries, il vient vers moi. Me demande ? j’explique. Il parle. Pas besoin de le pousser beaucoup. Il ressemble à Jean-François Balmer. Il a eu l’air avachi pendant tout le procès. Je lui pose la question.

— c’est normal, je fais semblant, il faut que les jurés sentent que je m’en fout. Je m’en fout. Mais, là, ils vont entende ma voix, pour la première fois. Écoutez, ça devrait vous plaire, je vais leur montrer mon paysage.
Je dois avouer. Oui, ça m’a plu. Mais le type a pris 8 ans. Une année de plus que ce que demandait l’avocat général. Brillant mais loupé. C’est gris, tout est gris. Je veux dire, les coupables comme les victimes, il y a des tas de choses à soulever…

Et moi, pendant ce temps, je reconstitue l’enquête.




PARTIR.
Mais je sens bien au fond de moi, qu’il va falloir que j’y retourne. En Picardie. Sur ses traces. Il me manque quelque chose. Il faut que j’aille voir tout cela de plus près…

LA LETTRE

Je l’ai écrite, puis elle a traîné de nouveau deux semaines dans ma voiture. Je ne trouvais pas de boîtes au lettres.
Bizarre, non ?
J’ai fini pas l’envoyer.
Vous auriez écrit quoi, vous ?
Ben moi, je faisais pas le fier.
Pour le moment, tout va bien… je n’ai pas encore de réponse…


J’ai traîné pendant des mois pour lui envoyer une lettre.

mardi 21 septembre 2010

résidence... next?

Elle aura lieu a la scène nationale d'Aubusson, en octobre. Le collectage se prépare, le fait-divers local, canular, ateliers, rencontre autour du polar, programmation de films... on a hâte!

le nom du directeur?
un Bonneau aussi
comme moi
comme Jacques
comme ma grand-mère
mais ça s'écrit Bono (on peut pas tout avoir...)

lundi 20 septembre 2010



Daeninckx « Play Back »

J’ai suivi le conseil de ma grand-mère. Je viens de terminer la lecture de « Play Back » de Didier Daeninckx. Elle a vu pas mal juste "la vieille", je note bon nombre de similitudes entre mon enquête et celle de son personnage. Un contexte social, une construction en flash back, des personnages que j’ai l’impression d’avoir rencontré de mon côté, des situations incongrues, une ambiance de pluie, d’usines qui ferment, de gueules cassées, de corps fatigués, de racisme latent, des tournures de style qui font très polar et que je note sur un petit carnet:

« Le cadran du réveil indique 23h 59min 59s… dans une seconde, le monde bascule dans un autre jour… »

Finalement, elle est peut-être pas si nulle que ça, ma grand-mère, comme conseiller littéraire en polar !!


15 septembre : sortie de chantier

C’est l’heure de la seconde fenêtre. J’ai moins de choses à présenter qu’il y a 8 jours. Certains spectateurs sont décontenancés du chemin parcouru, en arrière… il faut savoir se perdre, oublier, ne pas fixer, ne plus savoir, tout remettre en cause… d’autres sont ravis de s’immiscer dans l’intimité d’une création… enfin je crois…

Ah si quand même, un mini événement : ma grand-mère s’est invitée ce soir. Comment ?

Durant la semaine, je dit à Anne, mes difficultés de travailler en collaboration avec un auteur de Polar, notamment en raison de leur disponibilités pour venir pendant mes résidences. En plaisantant, je lui dis :
— si ça continue, je vais m’en remettre à ma grand-mère
— pourquoi tu dis ça
— ma grand-mère ?
— laquelle ?
— mémé Simone
— oui ?
— et ben, elle est fan de polars, ça fait 10 ans qu’elle en lit des quantités, depuis la mort de mon grand-père en fait…
— tu m’avais jamais dit
— je savais pas non plus
— ah…
— oui, elle m’a appelé cette semaine, je lui ai dit que je bossais sur un fait divers, un polar et c’est là qu’elle me l’a dit. Le bibliobus lui apporte une provision de polar toutes les deux semaines…

Anne me dit : tu pourrais en parler
moi : oui, je pourrais…

Une chaise. Je parle à la chaise. Sur laquelle est assise ma grand-mère. Je lui raconte des bouts de mon périple. Et elle, elle me pose des questions. Se moque de moi. Gentiment. Ma grand-mère, Simone, Mémé, elle a beau avoir 83 ans, elle a gardé son esprit frondeur. Salvateur même…


Simone.

Mémé Simone : tu as lu Fred Vargas, c’est bien ce qu’il écrit.

Moi : « il », c’est une femme

Mémé Simone : ah bon, et ben mince, j’savais pas

Moi : tu lis quoi d’autres ?

Mémé Simone : pas des américains, pas des thriller, y’a trop de violence là-dedans… des français, des suédois je lis… ça se passe où ton histoire ?

Moi : en Picardie

Mémé Simone : c’est qui ?

Moi : un tueur, enfin un médecin, 7 femmes, l’ogre de Picardie et euh… il s’appelle Bonneau, Jacques…

Mémé Simone : Bonneau ! comme nous ? Mais t’es fou ou quoi, dans quoi tu t’es embarqué encore ? Tu es où là ?

Moi : Là, je suis en Lorraine

Mémé Simone : je croyais que ça se passait en Picardie ton truc, j’y comprend rien à tes histoires…

Moi : je passerais te voir, pour t’expliquer

Mémé Simone : si tu veux… tu dis toujours ça, mais t’as jamais le temps… je comprends remarque, moi je peux plus bouger, t’as bien raison d’en profiter mon drôle… attends, la Lorraine, ça me rappelle un livre de Daeninckx, « Play Back », ça se passe dans ce coin-là, tu devrais lire…


DES BATONS DANS LES ROUES

Je suis dans le train. Un corail. Je préfère le bruit du Corail. Un vrai bruit de train celui-là. Je prends des photos des jambes des passagères. J’en profite. Ce sont les derniers jours de soleil. Je me cache un peu. J’expérimente. Des situations de troubles. Je pense à lui, Jacques. Dans sa prison. Je me dis, qu’à mon retour, dans la boîte aux lettres, j’aurais peut-être une réponse à me demande de rencontre, un parloir avec lui. Mes deux premiers courriers ont reçu des avis négatifs de l’administration pénitentiaire. Là, je suis passé par son avocat.

Je ne pensais pas avoir autant de difficultés pour rencontrer les acteurs de ce fait-divers. Policiers, juges, spécialistes, avocats… Difficile de les retrouver, difficile de les joindre, difficile de les convaincre de me rencontrer.

Dernière frustration en date ? Une rencontre prévue en prison, avec des détenus de longues peines. Tout allait bien. Puis courrier de la tête de l’administration pénitentiaire : pourquoi ces rencontres ? j’hésite, mais je répond sincèrement. Résultat : refus.





9 septembre 2010 : début d’une RÉSIDENCE de 8 jours

Cette semaine, de nouveau la Lorraine, à Thionville, pour la seconde fois… je présente deux « fenêtres », devant une vingtaine de personnes, les mêmes…
Le but : une entrée et une sortie de résidence, voir là où on en est le premier et le dernier jour.

Le 1° jour, Mael Le Goff vient me donner un coup de main. Sur le plateau, je lui montre mon matériau, et nous l’organisons en fabriquant une première chronologie.

À droite, une table, des livres, mon matériau de collectage, nous écrivons RÉEL à la craie sur le sol.
Juste derrière, un paper-board, avec les inscriptions DESCRIPTION DES CRIMES, PÉRIODE INTERMÉDIARE et ENFANCE. dessous, j’écris, PROFIL PSYCHOLOGIQUE.
Au fond, un écran de projection, sur lequel je scotch des phrases, des titres. CÉLINE G, KARCHER, LA ROUTE, LA LIGNE ROUGE… voilà que se rassemble les traces de mon périple, du road-movie.
Au fond, côté jardin, un micro sur pied, le lieu des « TU », des adresses à Jacques B, aller dans sa tête, tout en restant à distance, par pudeur et effroi peut-être…
Et devant, enfin, une autre table, il y a tout ce que j’ai écris. Et à la craie : IMAGINAIRE.

Et pour fermer ce cercle, LE PUBLIC.

Les spectateurs de cette fenêtre. À l’issu de la première présentation, j’ai la surprise de voir qu’ils sont déjà dans le spectacle, qu’ils le conçoivent comme tel, comme un objet presque définitif, qui a simplement besoin d’être retravaillé. Ils sont déjà avocats de certaines scènes, en me disant, « surtout, celle-là, il faut la garder ! »
Une spectatrice : « vous vous approchez de l’enfer, c’est courageux et audacieux ».

Je ne leur dit pas encore, que demain arrive Anne, la metteur en scène, l’accoucheuse et qu’il faudra sans doute tout recommencer. Et puis, il y a encore 4 mois avant la première !

Je me couche, dans l’appartement qui nous ai prêté. « Mon réveil indique 23h 59min 59s… dans une seconde, le monde bascule dans un autre jour… »


12 septembre : vin de Moselle

Avec Anne, nous marchons ce matin, une longue balade sur les bords de la Moselle. Au loin, on aperçoit les cheminées fumantes d’une centrale nucléaire. Elle a remplacé d’autres fumées, celle des hauts-fourneaux, des mines, des usines de sidérurgies. La population italienne ne travaille plus dans la poussière du charbon, quelques-uns ont ouvert des pizzerias ; où sont les autres ? Les vieux ? Rentrés en Italie ? Ou dans une maison de retraite pour travailleurs à la santé ruinée ?

Au loin, un train revient de Luxembourg. À l’intérieur, les frontaliers, comme on les appelle, c’est à dire ceux qui travaillent dans les banques, celle-là même qui se sont alarmées, puis goinfrées de ce qu’on appelle la CRISE.

Nous arrivons aux abords d’un bistrot, sur les bords de la Moselle. Quelqu’un a mis un disque de Jacques Brel. On nous sert une bouteille de blanc et du saucisson. D’ici une heure, la tête tournante, nous franchirons les grilles du parc comme deux adolescents, avant de faire une sieste.

Ah oui aussi, nous parlons depuis 3 jours de Jacques B, du fait divers, des matériaux que j’ai emmagasiné, et comme d’habitude, Anne me pose quantité de questions, sans jamais rien lâcher, mettant en avant mes contradictions, mes errances, mes manquements… ouf… plus que 4 mois avant la première…

— tu veux dire quoi dans ce spectacle, Nicolas ?
— euh…
— tu veux parler de l’humanité chez Jacques, et de l’inhumanité chez toi ?
— oui, c’est ça… la nature humaine…
— ah ! La Nature Humaine

samedi 24 juillet 2010

c'est pas moi qu'ai fait l'con!



Nicolas Bonneau accusé d’enlèvement d’un bébé de 16 mois


Âgé de 31 ans, Nicolas Bonneau a comparu ce matin au palais de justice de Longueuil pour répondre à une accusation d’enlèvement d’enfant. Sa remise en liberté a été refusée. Il comparaîtra de nouveau devant le tribunal demain pour son enquête sur cautionnement.

Nicolas Bonneau aurait enlevé hier un petit garçon de 16 mois. Il était une connaissance de longue-date des parents du bambin et habitait avec eux depuis quelque temps, dans un logement de la rue Terrasse Tracy, dans l’arr. du Vieux-Longueuil.

L’accusé devait amener l’enfant à Saint-Jérôme pour le remettre aux parents, mais il ne s’est jamais présenté. C’est le père de l’enfant qui aura guidé les policiers vers l’un des endroits que fréquentait son colocataire. L’enfant a été retrouvé dans l’hôtel Élégant, sur la rue Saint-Hubert à Montréal, vers 5h30 ce matin.

Sous influence

Le Courrier du Sud a appris d’une source fiable que Nicolas Bonneau était sous l’influence de substances illicites. Il s’agissait apparemment d’une rechute pour cet individu qui n’aurait rien consommé depuis six ans. Avant de quitter le logement, l’accusé s’est également emparé d’une somme d’argent.

Le père sans réponses

Danny, le père de l’enfant avoue avoir vécu des moments pénibles lorsque qu’il s’est rendu compte que son fils avait disparu. «C’est imaginable ce que j’ai pu vivre hier soir. J’étais bien content de retrouver mon enfant ce matin, et je me ne préoccupais pas de l’autre (Bonneau).»

Danny ignore pourquoi Nicolas Bonneau a fait ce geste. «Je ne comprends pas ce qui lui a pris. Il n’y avait aucun signe qui laissait présager un tel événement. Le matin, il n’avait pourtant rien consommé quand je l’ai vu», a finalement confié avec soulagement le papa.



je vous jure!!!

mardi 15 juin 2010

reprise des hostilités...


Mercredi 2 juin

J’ai repris la route. Il était temps. Depuis, mon dernier périple en Picardie, j’ai beaucoup lu, des polars ( français, américains), vu des films, lu des analyses, vu des choses à la télé, et ce n’est pas ce qui manque. Derrière moi, la table est remplie de documents, lu ou à lire encore…

Fais des rencontres aussi, comme avec l’écrivain Patrick Raynal à qui j’ai proposé de participer à l’aventure pour un regard dramaturgique (« c’est mon métier, m’a t’il dit, trouver le fil de l’histoire » ) ; il m’a également conseillé de lire Ellroy et son « tueur sur la route » ( tiens, tiens) ou les trilogie de Thomas Harris, l’auteur du « silence des agneaux ». je compte l’inviter à une prochaine répétition publique, en septembre, à Thionville, au CDN de Lorraine.

Mes ateliers du spectateur ont continué aux aussi, en Gâtine, avec le Nombril du monde, j’ai montré mes films et mon journal et lu des articles et des scènes à ce groupe de spectateur témoins ; chez eux, dans leur salon, avant un gueuleton :

Mais pourquoi tu fais un spectacle sur des horreurs pareilles !

On te préférait quand tu faisais l’usine ! me disent-ils.

Oui, je sais, je réponds, mais faut que je m’y coltine.

Je vais en tout cas, malgré le sujet, essayer de rester parfois léger et accessible.

D’autres rencontres aussi, en maison d’arrêt, avec un détenu qui en a pris pour 25 ans, bibliothécaire en sursis de son appel. Je viens de lire ce qu’il avait fait sur internet. Rien à dire de plus. Il assume les faits, mais la peine est lourde. Émotion du jury populaire.

Je vais dans les tribunaux, rencontres avec des juges, chroniqueuse judiciaires, journalistes de la « PQR » (presse quotidienne régionale), centre de réinsertions pur détenus, gendarmes, un journaliste du Nouveau Détective (tiens celui-là, je le mettrais bien dans mon spectacle) et d’autres encore qui vont suivre…

Et Jacques B alors ?

Lui aussi je suis sa trace…

Lundi 7 juin

Je suis en Lorraine, à l’invitation du CDN. Pourquoi la Lorraine ? Là aussi, c’est une terre propice pour les faits-divers et les tueurs en série. Alors pourquoi pas prendre de la distance avec la Picardie…

Hier, j’ai pris ma voiture pour aller rencontrer un gendarme qui a travaillé sur le cas Francis Heaulme.

Une journée d’errance en fait. Après la rencontre, je roule dans le paysage. C’est un road-movie après tout, alors j’en profite. Radio classique sort par les vitres baissées de la portière. Je m’arrête dans le centre ville de Longwy. J’observe. Je m’assieds aux terrasses des cafés. J’écoute. Je regarde. C’est fou, comme en regardant, en pensant à « lui », mon regard change. Je deviens parano. Parano de moi et des autres. J’ai l’impression qu’on m’observe tout autant que j’observe. On dirait que je suis en fuite. Je regarde les femmes, et mon regard posé sur elles est différent, celui d’un prédateur, froid. Peut-être. Je me dis, que je vais devoir traîner ce spectacle plusieurs années, et je sais pas, cette perspective ne me réjouis pas.

Je prends des bribes de phrases.

Deux collégiens et un qui dit à l’autre : si t’as faim, le matin, je peux t’amener quelque chose.

Deux abîmés par la vie boivent leur bière sans se parler ni se regarder.

Là, un type qui enfile sa enième bière, se lève, avec ses béquilles, claudiquant, et puis s’arrête, traînant, toutes les 5 secondes pour tirer sur sa cigarette. Hop, il l’écrase avec une de ses béquilles.

Au coin d’une rue, deux types : au moins avant on avait pas le temps, mais on avait du boulot.

La sidérurgie a fermé dans toute la vallée en « ange », malgré les promesses du président au lendemain de son mariage à Disneyland.

Mardi 8 juin

En roulant, toujours.

Je rentre pour dîner.

Je finis d’observer.

Sur la route de la vallée du Fench.

J’avale la route et c’est bien, de rouler sans autre objectif que de rouler.

Il y un panneau qui indique « bois de la côte », et au loin un village de mineurs, abandonné, de l’autre côté du bois. Je bifurque. Je m’engouffre dans le bois. La route est étroite. Bientôt, un vélo sur lequel est une jeune fille arrive en sens inverse. Je ralentis. Je baisse ma vitre. Elle me regarde la regarder et dans son regard, je sens qu’elle a peur. On dirait que j’y arrive bien à faire le regard du prédateur. Qu’est-ce qu’elle fait là, à rouler dans ce vois désert, t’as pas lu le petit chaperon rouge, petite ?

Dans le rétroviseur intérieur, je l’aperçois qui s’éloigne. J’aperçois mon image aussi. Mon visage qui parle alors que je ne parle pas. On dirait que c’est moi et que ce n’est pas moi ? je crie, comme enfermé dans le rétroviseur.

Je secoue la tête.

Brrrrhhh….

Plus loin encore, deux vieilles marchent. C’est une sorte de chemin, je sens que je suis un peu perdu, que le village abandonné s’éloigne. Je m’arrête, et je demande comment s’y rendre…

ho, plus personne n’y va jamais, et en voiture, par ici, ça va être compliqué

oui, dit l’autre, ça descend à pique, faut y aller à pied, c’est un GR ici.

Ah bon, je dis, je suis un peu perdu je crois.

vous voulez voir quoi dans ce village, demande la première vieille ?

Je souris.

Rien, je réponds, je me promène…

Ah…

Je redémarre. Bientôt, je suis dans un chemin boueux. Il y a une forme qui surgit du bois vert. Je freine. Trop tard, je me prends une biche de plein fouet dans le pare-choc, je roule sur la biche, j’entends le poids de son corps sous mes roues.

Je descends.

Et merde !


ATELIERS LIBRES DE THIONVILLE


Mercredi 16 juin : ATELIERS LIBRES DE THIONVILLE

Au CDN de Thionville,
j’anime 3 ateliers libres ; y viennent des gens de tous horizons, des abonnés, des fidèles, des jeunes, des vieux, peu de gens de la quarantaine, beaucoup de femmes et peu d’hommes comme toujours, des qui ont une pratique amateur ou professionnelle, dès qui ne sont jamais montés sur une scène, dès qui viennent pour la première fois, qui sont venus juste pour regarder, dès qui se sont trompé et qui venaient voir un spectacle de conte mais qui vont rester un peu quand même pour voir…

Je remarque simplement, qu’au départ, il y a réticence à travailler sur le fait-divers, je dois donner envie au groupe, d’abord en leur demandant de me raconter des choses proches d’eux, un souvenir, un cauchemar, un accident dont ils ont été témoins…

Puis, je leur donne des faits-divers, tirés des journaux, il y a là :

Une femme infanticide
Une tentative de meurtre sur sa maîtresse
Un viol par son beau-père
Un enfant mort dans une voiture pendant que sa mère est au travail
Un « ogre » qui mange son propre corps
Chasse à l’Homme ( Deux frères pareil à Abel et Caïn)


À la lecture des textes, par petits groupe, je les sens un peu abattus, trop noir pas envie de lire ça, envie de rigoler, de se divertir…

Et puis, je leur demande de trouver des points de vue, de raconter en extrayant des personnages, de faire parler morts et vivants, voisins et famille, victimes et accusés…

Et puis, peu à peu, je les sens s’investir, essayer de comprendre, se mettre à la place, la parodie s’éloigne, ils sont au plus proche d’eux mêmes, « des variations sur l’humain », dira une jeune femme… et quelque chose de lumineux se dégage, ils parlent de nous soudain, ils ne jugent pas ceux qui ont fait, ils donnent leur voix.

Certains ont dit : « c’est comme si on les connaissait tous, et quand on se met à parler, les mots nous échappent, on dirait que ce sont eux qui parlent, des sentiments collectifs, on sait ce qu’ils ont dit… »

Et on en ressort, certes transformés, mais il n’y a rien eu de gratuit ce soir.

Certains qui ne voulaient pas revenir reviendront, parce que finalement…

Je cherche ce que révèle le fait-divers à chacun de nous et de nous tous.

LA PHRASE MYSTÈRE


Lundi 14 juin : LA PHRASE MYSTÈRE

Ça fait toujours son effet, au début d’un polar, où en entête d’un chapitre, ou au cours de l’intrigue, d’avoir des phrases un peu mystérieuses, du genre tirés de la bible, d’un épître mystérieux, d’un livre sacré, d’un philosophe ou d’u poète tortueux… y’a pas de raison que moi non plus… je…

« Que celui qui combat le monstre prenne garde à ne pas devenir lui-même le monstre,
à trop regarder dans l'abîme, il peut devenir lui même l'abîme.

ou dans une autre traduction :

« Qui combat avec des monstres pourrait faire attention de peur qu'il ne devienne de ce fait un monstre. Et si vous regardez fixement pour long dans un abîme, l'abîme regarde fixement également dans vous. »
Friedrich Nietzsche, « au-delà de bon et de mauvais »

Et ça,
trouvé dans lors de la visite de la maison de son père (mais non, Nicolas, tu n’as pas visité sa maison, elle a brûlé, et c’était il y a 10 ans… tu délires !)
Une phrase soulignée,
Dans l’Epitre à St-Paul :

« puisque je ne peux pas faire le bien que je veux faire
je fais le mal que je ne peux pas faire… »


ça donne, hein ?
bon, en fait, c’était dans une chambre sordide de la baie de Somme, sur un missel poisseux des Gédéons !

Tiens,
Aussi,
un poème, du grand Michaux :

« Il l'emparouille et l'endosque contre terre ;
Il le rague et le roupète jusqu'à son drâle ;
Il le pratèle et le libuque et lui baruffle les ouillais ;
Il le tocarde et le marmine,
Le manage rape à ri et ripe à ra.
Enfin il l'écorcobalisse.
L'autre hésite, s'espudrine, se défaisse, se torse et se ruine.
C'en sera bientôt fini de lui ;
Il se reprise et s'emmargine... mais en vain
Le cerceau tombe qui a tant roulé.
Abrah ! Abrah ! Abrah !
Le pied a failli !
Le bras a cassé !
Le sang a coulé !
Fouille, fouille, fouille
Dans la marmite de son ventre est un grand secret
Mégères alentour qui pleurez dans vos mouchoirs ;
On s'étonne, on s'étonne, on s'étonne
Et vous regarde,
On cherche aussi, nous autres, le Grand Secret. »
Henri Michaux, le Grand Combat

BIBLIOGRAPHIE


Choses lues,
Choses à lire
À voir
Écouter

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Sites

http://www.tueursenserie.org/

Un cas de tueur en Picardie :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Marcel_Barbeault
http://scenedecrime.blogs.com/scenedecrime/2007/10/laffaire-marcel.html

tueurs en série français :
http://www.tueurs-en-serie.fr/dossiers/tueurs-en-serie-francais/

les chroniques judiciaires du Monde :
http://prdchroniques.blog.lemonde.fr/

l’actualité du fait-divers en France :
http://www.lesfaitsdivers.com/

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À LIRE : ROMANS

Thomas Harris, Dragon Rouge, le silence des agneaux, Hannibal Lecter, 3 livres en poche, référence du genre sur un tueur en série devenu célèbre, adapté au cinéma

Le tueur sur la route : James Ellroy (autre chez d’œuvre du genre)

Truman Capotte, De Sang Froid, premier livre du genre enquête auto fiction sur un fait-divers, similitude avec mon enquête ?

American Psycho, Bret Easton Ellis ( fantasme ou réalité ?)

Mygalle de Thierry Jonquet ( un classique !)

Patrick Raynal, à lire car on a bien envie qu’il travaille avec nous, un classique du polar français

Nature Morte dans un Fossé, Paravidino ( théâtre – j’adore les pints de vues des personnages et en plus c’est un bon polar)

Un roi sans divertissement, Jean Giono ( l’écriture de Giono et une enquête)

L’adversaire, Emmanuel Carrère (sur l’affaire Jean-Claude Roman)

Joseph Conrad, « au cœur des ténèbres » (inspirateur d’Apocalypse Now)

Et aussi Cormac Mac Carthy, Fred Vargas, Bunker, Dennis Lehane, Brigitte Aubert…

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À LIRE : DOCUMENTS

Médiatisation et sur-médiatisation du phénomène des tueurs en série en France : un âge d'or du fait divers, 1980-2005, mémoire par Holiguine Blandine, université de Nice (vous pouvez le trouver sur internet)

Corrine Hermann : un tueur peut en cacher un autre (Criminologue reconnue d’un cabinet d’avocat, se trouve maintenant en poche, un peu parano la dame ? Ou syndrome du « voisin d’â côté est peut-être un tueur » ou réalité : les pervers sont parmi nous !)

Stéphane Bourgoin : le livre noir des serial killer (on dit que c’est LE spécialiste français, j'entends souvent qu'il est "critiqué" mais il est incontournable, à rencontrer bien sur, prochainement... et tient une librairie à Paris 9°, le 3° Œil)

Michel Sapanet, Chronique d’un médecin légiste (un médecin de Poitiers, ça se lit comme un épisode d’Urgence)

Le guide du polar, chez Points, 3 euros (pour les nuls)

Idées reçues : le polar, éditions le cavalier bleu (pour se remettre à niveau)

Denis Duclos, le complexe du Loup Garou ( la fascination de la violence dans la culture américaine), éditions La Découverte

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REGARDER :

Revue et expo Crime et Châtiment au Musée d’Orsay

Peintures de J. Bosch

Galerie de l’évolution, Paris, jardin des plantes


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À VOIR :

Psychose de Hitchock, (pour la construction du récit, l’ambiance, l’interprétation, la musique, le scénario…)

Le juge et l’assassin : Tavernier (un tueur en série frappe dans les campagnes)

Henry, portrait of a serial killer (film sur un vrai tueur, classique du genre, assez glauque quand même)

M Le Maudit de Fritz Lang (lui, il signe « M »)

« C’est arrivé près de chez vous » réalisé par Rémy Belvaux, André Bonzel en 1992, avec Benoît Poelvoorde ( ben là y’a de l’humour même si ça fait froid dans le dos)

« Natural Born Killers » réalisé par Oliver Stone en 1994 ( la bande son et le montage sont inspirants, peut-être… des films ou des livres ratés, c'est moins intimidant!!)

Fargo, des frères Cohen ( j’aimerais qu’on arrive à faire un truc aussi bien : ambiance, quotidien, humour, violence, société… et le tout l’air de rien)

Vidéo Corine Hermann :
http://centrefrance.kewego.fr/video/iLyROoafJ-gi.html

Emissions de « Faites entrez l’accusé » ( certes très fictionnel dans une certaine forme et voyeur aussi, , mais très bien documenté, avec des témoins de premier ordre, au moins pour voir le « décorum »)

Et aussi Haneke, Tarantino, Lynch…
Ect...
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À ÉCOUTER :


La Bande originale de Dead Man, de Jim Jarmush, par Neil Young, pour le côté road-movie du mythe américain, un peu comme tous les autres films d’ailleurs

BOF d’Easy Rider, de Dennis Hopper

BOF de Wild at Heart (Sailor et Lula) de David Lynch

BOF de Psychose ( Bernard Hermann, Hitchock)

BOF de Tarantino en général

BOF de Shadows de Cassavetes

Maria Callas

Bruce Sprinsgteen : the ghost of Tom Joad

Johnny Cash : American recordings

Et aussi tout ce qui va sur la route…

AUX ASSISES...


Vendredi 11 : AUX ASSISES

Actuellement, à la cour d’assisse d’Epinal, un médecin est jugé pour avoir drogué et violé 14 femmes durant leur état léthargique…
J’y vais pour y assister, mince! Le procès est à huis clos, comme souvent pour les viols… mais je retrouve ces notes prises lors d’une cour d’assises, il y a un an, à Beauvais.

L’ACCUSÉ.
À quoi il pense, l’accusé, la veille, dans le bus : « j’ai pas dormi, pas mangé, alors à quoi je pense, je peux pas vous dire, j’espère prouver mon innocence »

LE TIRAGE AU SORT DES JURÉS.
Le serment.
On prend place près de la juge.
Les jurés vont être jurés pendant plusieurs semaines.
La visite de la prison, la veille, par la présidente de la cour d’assise :
« On a une image de la prison qui n’est pas celle de la réalité, on a l’image des séries TV américaines
« Une prison, ça ressemble plus à un monument historique… ou préhistorique
« C’est bien de savoir où on envoi les gens et où ils risquent de passer une bonne partie de leur vie

UN TÉMOIN
« je m’étais mariée avec quelqu’un qui paraissait charmant, et puis le temps me l’a fait découvrir. »

PENDANT CE TEMPS LÀ, au café où il avait ses habitudes, ses anciens copains suivent l’affaire… depuis l’affaire Outreau, la justice passionne les médias et les français

UN AVOCAT COMMIS D’OFFICE, qui a hérité du dossier il y a deux mois, qui a peur, « c’est de la folie » dit le juge des parties civiles, il avait avant un avocat aussi commis d’office, qui ne s’est pas occupé du dossier pendant 4 ans et qui a été destitué du barreau.

REGRETS.
Qu’est ce qu’on peut savoir de ses regrets, on a l’impression qu’il ne se passe rien sur son visage, c’est comme dans la vie, mais ici c’est un concentré de la vie, on joue tout en quelques heures

UN JURÉ.
« j’avais devant moi un accusé qui n’avait pas le profil d’un criminel, ce sont des monsieur tout le monde, on se rend compte que ça peut arriver à n’importe qui. »

ACCUSATION.
Violence, femme et enfants battus, club échangistes, autostoppeuse qu’il baise dans la caravane en forçant sa femme et les enfants qui dorment à côté, les voisins qui ne disaient rien…

UN CHRONiQUEUR.
« Oui, une cour d’assise, ça m’intéresse, c’est pas du voyeurisme, ce qui m’intéresse c’est essayer de comprendre, y’a que des gens malheureux dans les cours d’assise, et pas seulement les victimes, je connais peu de meurtriers qui soient des gens heureux. »

LES PARENTS.
« On imagine tout, un accident de voiture, qqn qui l’a enlevé. »

LE CORPS.
10 jours de battus, on retrouve son corps mutilé à coups de haches, décapité, son corps abandonné sous un pylône électrique

UN GENDARME.
On peut pas tout expliquer aux parents.

LES PARENTS.
« On est pas préparé, on lit ça dans les journaux, on voit ça à la télé, on pense pas que ça peut vous arriver. »

UN PROFIL PSY
Il est égocentré, centré sur lui-même, il est instable, il veut tout, tout de suite, il ne vit qu’au présent.

UN JURÉ.
« Les détails, c’est sordide, on explique au millimètre près, là où la hache s’est enfoncé, ect. »

LA DOULEUR.
« De ressentir la peine, la douleur de mon frère, ça c’est insoutenable, et de ressentir la peine de ma mère, de mes parents, là aussi c’est insoutenable. »
« vous imaginer la douleur de votre enfant… »

LE PROCUREUR.
La veille, ils avaient regardé un film anglais, crime arnaque et botanique

UNE AVOCATE.
C’est archaïque que les jurés n’aient pas accès aux pièces du dossier, et de juger sur des impressions d’audience, c’est une arène où vous devez combattre pour convaincre.

LE FRÈRE.
Moi, je vois la justice comme la balance, pour combattre la barbarie mais rien ne pourra contrebalancer la mort de mon frère.

LA MÈRE.
Je ne crois qu’on puisse faire le deuil de son enfant, on peut faire le deuil d’un oncle, d’un grand père pas d’un enfant, on peut juste essayer de vivre un peu plus paisiblement