mardi 21 décembre 2010

SE LEVER EN PRISON

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se lever, se demander pourquoi on se lève mais se lever quand même, lever la cuvette, pisser, refermer la lunette de la cuvette, marcher, refaire son lit, s’étirer, se brosser les dents, attendre le passage du café, se rebrosser les dents, jouer avec le stylo, ouvrir mon livre sur la table de chevet, me recoucher, me lever, m’habiller, marcher, tourner, s’asseoir, s’allonger, marcher encore, regarder les rats par la fenêtre, sentir un courant d’air frais, entendre le déjeuner qui arrive, dire bonjour, croiser un regard, se tenir sur le bord de la cellule, se pousser pour laisser se refermer la porte, boire du café, des légumes et des haricots et la viande j’en veux pas, ça me dégoûte depuis je suis ici…

la nuit, il faut avoir passer une nuit en prison pour savoir ce que c’est, les cris, ceux qui frappent contre les portes, la musique à fond, les hurlements, le silence ne prison, la nuit ça n’existe pas, d’ailleurs le jour non plus ça n’existe pas, mais c’est un bruit plus rassurant, les gardiens qui passent, les portes qui s’ouvrent, ceux qui sortent et ceux qui rentrent, les voix qui résonnent… c’est fou ce que ça résonne en prison… alors, la nuit, en plus, la première on croit qu’on va devenir fou, qu’on supportera pas, mais on s’habitue, après, on sait… c’est pas humain, d’être enfermé comme des animaux, pas mieux que des animaux, il doit y avoir d’autres solutions, c’est pas possible autrement…

marcher, lire, se lever, aller pisser, se gratter, le doigt contre l’oreille, puis le doigt contre l’arrête du nez, se masser le pied, jouer avec mon stylo, siffler, sentir le vent par la fenêtre, entendre le pigeons qui roucoulent, les bruits dans la cour, se lever, marcher, vouloir courir et continuer de marcher…

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( extrait d'un atelier d'écriture par des détenus)

mardi 14 décembre 2010

photos sur la route... Beauvais, Nourard le Franc, Plessier sous Bulles, St-Just en Chaussée... road-movie en Picardie



C’est l’histoire d’un homme qui tombe du 37° étage.



Et à chaque étage qui le rapproche du sol, il murmure « jusqu’ici, tout va bien… jusqu’ici tout va bien…



Je sens bien au fond de moi, qu’il va falloir que j’y retourne.



Il faut que j’aille le voir de plus près…



Qu’est ce que je vais faire de tout ça ?

à la mairie

Lors d'une résidence.
Salle du conseil municipal.
Lundi soir. J
e suis un invité de marque on dirait (y’a de la brioche…)

Le maire : on peut faire quoi pour vous ?
Moi : euh je sais pas… vous avez des faits divers sur la commune ?
Le maire : non. C’est tranquille ici.

Puis, il se mettent à parler à voix basse.

Et le maire, me montre une carte.
Le maire : il serait préférable que vous évitiez cet endroit, il y a eu un…
Moi : un meurtre ?
Le maire : oui, c’est délicat... par contre, en ce moment, il y a plein de champignons….

Moi : mais c’est justement pour ça que je suis là.
Le maire : il ne faut pas remuer le désespoir des gens. Je me souviens des caméras des télés sur le parvis de la mairie, on voit ça dans les films mais quand ça vous arrive…