mardi 30 novembre 2010

Psychose


...en ce moment, au Strapontin, à Pont Scorff, on débute la résidence par un atelier sur Psychose, le film du grand Alfred H. Au menu, travail sur le son et l'image, la musique de Hermann, avec Mikaël Plunian aux manettes... Road-Movie, scènes de douches, passer de la douceur à l'horreur, tenter de comprendre la mécanique du suspens... le premier jour, le groupe hésite, nous sommes au deuxième et ceux qui ne voulaient pas aller sur scène en redemandent... nous finissons sur trois récits croisés, entre un gamin qui joue sur la balançoire, deux auto-stoppeuses, une femme qui tricote face à la télé... la musique de la scène de la douche entre en piste et tout se déglingue. cri. Noir...

dimanche 28 novembre 2010

Article à ne pas mettre en toutes les mains...


Pendant une des résidences / un article qui donne envie de rire... enfin, un peu... / on sait plus trop / au bout d'un moment, on sait plus trop... /
Parfois avec toute l'équipe, on se surprend à rire, plaisanter, faire une sorte de tourisme du "serial killer"... et quand quelqu'un vient nous voir, il trouve qu'on est comme passé de l'autre côté... " et les victimes,leurs parents, vous y pensez..."... bizarrement, non, pas tellement... c'en est presque horrible... Comme m'a dit un avocat: "une victime, c'est terrible à dire, mais c'est banal, alors qu'un meurtrier, c'est unique!"

dessiner sur un mur en attendant la mort


en descendant la porte du criminel
de l'accusé comme on dit
( le prévenu, c'est juste avant de passer cette porte...)
il est où?
il fait quoi?
il attend?
et parfois, en attendant, il écrit, dessine, griffonne, sur les murs, par exemple,
comme là,
sur le mur, en 1935...
on dirait du Cocteau...

vendredi 26 novembre 2010

ENQUÊTER À DISTANCE

Depuis la rentrée, je travaille en résidence de collectage.
Rochefort, Cergy, Aubusson, Thionville, Niort.
À distance de la Picardie donc.
Bizarre.
On dirait que je reconstitue l’enquête.
À ma façon.
À distance.
Je rencontre gendarmes, avocats, policiers, détenus, experts, criminologue et avec eux, point par point, je fabrique l’enquête, je la fantasme, l’imagine…

GENDARMES.
Tenez, par exemple, avec les gendarmes, ceux de l’école de gendarmerie de Rochefort, je leur ai dit tout ce que je savais, et nous avons reconstitué pendant 2h00, l’enquête, pas à pas… on a reconstitué son arrestation… j’avais l’impression d’y être encore plus que si j’y étais vraiment.

PRISON.
Tenez, encore, maison d’arrêt du Val d’Oise, Maison d’arrêt de Rochefort, centre de réinsertion de l’île de Ré. Je refais le parcours de celui qu’on écroue, tout au début, l’arrivée. Visite de cellule. Le directeur de la prison. La cantine. Le parloir. La vie au quotidien. La cellule qui devient presque un espace privé. La cour de promenade. Les regards agacés, interrogatifs, curieux. On se croirait dans Un Prophète.



TRIBUNAL.
L’avocat de Jacques B est mort, très bien.
J’irais chez un avocat, à Guéret, à Rochefort.
Au tribunal, aux assises de Niort, Saintes et Thionville.
Y passer des journées encore.
Comme un accroc au faits divers.
Tiens, là, un avocat m’a repéré. Juste avant les plaidoiries, il vient vers moi. Me demande ? j’explique. Il parle. Pas besoin de le pousser beaucoup. Il ressemble à Jean-François Balmer. Il a eu l’air avachi pendant tout le procès. Je lui pose la question.

— c’est normal, je fais semblant, il faut que les jurés sentent que je m’en fout. Je m’en fout. Mais, là, ils vont entende ma voix, pour la première fois. Écoutez, ça devrait vous plaire, je vais leur montrer mon paysage.
Je dois avouer. Oui, ça m’a plu. Mais le type a pris 8 ans. Une année de plus que ce que demandait l’avocat général. Brillant mais loupé. C’est gris, tout est gris. Je veux dire, les coupables comme les victimes, il y a des tas de choses à soulever…

Et moi, pendant ce temps, je reconstitue l’enquête.




PARTIR.
Mais je sens bien au fond de moi, qu’il va falloir que j’y retourne. En Picardie. Sur ses traces. Il me manque quelque chose. Il faut que j’aille voir tout cela de plus près…

LA LETTRE

Je l’ai écrite, puis elle a traîné de nouveau deux semaines dans ma voiture. Je ne trouvais pas de boîtes au lettres.
Bizarre, non ?
J’ai fini pas l’envoyer.
Vous auriez écrit quoi, vous ?
Ben moi, je faisais pas le fier.
Pour le moment, tout va bien… je n’ai pas encore de réponse…


J’ai traîné pendant des mois pour lui envoyer une lettre.